19 juillet 2007
: Devant un Tribunal américain : Esclavage d’enfants dont des
Mauritaniens
Un tribunal de Floride (USA)
a examiné lundi 16 juillet une plainte contre le Souverain de Dubaï,
Cheikh Mohammad Ben Rached Al-Maktoum, accusé d’avoir réduit en
esclavage plusieurs milliers d’enfants utilisés comme jockeys dans des courses
de chameaux ces 30 dernières années.
La plainte en nom collectif, qui pourrait concerner des milliers de plaignants
potentiels, a été déposée devant la cour fédérale de Miami
(Floride, Sud-Est) en septembre 2006 par des parents d’enfants kidnappés et
réduits en esclavage pour être jockeys dans des courses de chameaux dans les
Emirats Arabes Unis.
Selon l’accusation, qui affirme qu’il s’agit "d’un des plus graves
crimes contre l’humanité de ces dernières 50 années", de nombreux
garçons parfois âgés de deux ans ont été volés à leur famille, sortis de leur
pays et retenus avec brutalité dans des camps d’entraînement aux courses de
chameaux un peu partout aux Emirats Arabes Unis.
Certains enfants, dont "de nombreux seraient morts",
auraient également été victimes de sévices sexuels, auraient subi des
injections d’hormones pour ne pas grandir et auraient même été affamés afin de
rester légers, ajoute l’acte d’accusation. Les enfants venaient du
Bangladesh, de Mauritanie, du Pakistan
et du Soudan.
Les accusés, dont l’Emir de Dubaï, son frère Cheikh
Hamdane Ben Rached Al-Maktoum, ainsi que d’autres responsables des Emirats
Arabes Unis sont poursuivis à Miami car l’émir
possède des propriétés en Floride, dont un ranch dans le
centre de cet Etat du Sud-Est.
L’émir a écrit au président des Etats-Unis pour qu’il
intercède en sa faveur et la lettre a été présentée récemment devant le tribunal
de Miami par ses avocats. Dans sa lettre, envoyée à George W.
Bush en février, l’émir de Dubaï estime que la
plainte porte préjudice "aux bonnes relations" entre les Emirats
et les Etats-Unis.
Cette plainte constitue "une interférence notable dans nos relations
bilatérales et pourrait les compliquer", met en garde l’émir qui
rappelle que les Emirats sont "un partenaire clé dans la guerre
mondiale contre le terrorisme". "Notre alliance et notre
amitié sont basées sur une confiance et un respect mutuels", a-t-il
ajouté.
L’émir, également vice-président et premier ministre des Emirats Arabes
Unis, pays dont Dubaï est l’une des sept composantes,
et Cheikh Hamdane, Ministre émirati des Finances et de
l’Industrie, appelle le Président Bush à intervenir
directement pour lever la plainte qui pèse à son encontre.
Le gouvernement américain a indiqué la semaine dernière qu’il annoncerait d’ici
le 17 septembre s’il participerait ou non à la procédure. "Nous
pensons avoir de solides raisons pour obtenir un rejet" de la
plainte, a déclaré à l’AFP Habib Al-Mulla,
qui représente Cheikh Mohammad. Pour M. Mulla,
les accusations sont "sans fondement" et la plainte, qui ne
précise pas le montant des dommages et intérêts exigés, est "un défi
au bon sens".
"Nous ne croyons pas que les tribunaux américains aient un quelconque
rôle à jouer dans une affaire déjà en train d’être résolue par la voie
diplomatique, qui n’implique aucun accusé américain" et ne s’est pas
déroulée sur le sol américain, a-t-il affirmé. Ce procès est politiquement
très gênant pour les Emirats, proche allié des Etats-Unis, car
le pays a pris l’initiative dans la région de réhabiliter les ex-enfants
jockeys originaires de pays pauvres et les remplacer dans les courses par des
robots.
Le recours à des enfants pour les courses de chameaux est en principe interdit
par la loi depuis 1993 aux Emirats Arabes Unis. Mais cette
interdiction est fréquemment contournée à l’occasion de courses privées
organisées par de riches cheikhs.
(Source AFP)
Source : Tahalil Hebdo (Mauritanie)
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