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juin 2007 : Esclavage ou séquelles de l’esclavage ?
La journée d’hier a été une occasion de rencontre
entre les acteurs de la société civile et les représentants du pouvoir
public. Cette journée était placée sous les auspices du ministère de la
justice qui a tenu a faire un discours en cette occasion.
Au cours de la journée il a été soumis aux présents lors de l’assise
l’exposé du motif du projet portant incrimination et répression de
l’esclavage. Mais elle a été une journée houleuse tant les participants
n’étaient pas d’accord sur le fond et la forme.
Tout a commencé par le discours du ministre de la justice M. Limam
Ould Téguédi avant que les participants ne rentrent dans le vive
du sujet. Avant de discuter sur l’avant projet sur l’incrimination de
l’esclavage, plusieurs personnes ont mis l’accent sur la stratégie adoptée
pour y mettre fin. Ce point a pendant plusieurs minutes retardé de rentrer
dans la discussion.
L’improvisation de la journée a été aussi un point qui a été
mentionné lors de la journée. Selon les intervenants avant d’organiser
cette journée, il fallait au préalable soumettre ce projet aux organismes
des droits de l’homme qui oeuvrent pour la réalisation de cet objectif. La
démarche adoptée n’a pas fait la joie des défenseurs des droits de l’homme
et sont inquiets quant au sort qui sera réservé à cette loi une fois
qu’elle rentrera en vigueur.
Le problème en Mauritanie est moins l’élaboration de la
loi que son application car ce n’est un secret pour personne que chaque
jour des lois sont adoptées sans le moindre suivi et dont l’application est
incertaine. Il manque une réelle volonté politique d’en finir avec ce
problème. Même le président de la journée M. Haimoud
chargé de mission au ministère de la justice car on sentait un doute dans
ses propos. Ainsi il parlait tantôt des séquelles de l’esclavage ce qui
suppose que l’esclavage n’existe plus ; tantôt il parlait de l’esclavage ce
qui suppose que cette pratique persiste toujours.
Quand au contenu du texte, selon M. Boubacar Ould Messaoud
le président de SOS esclave, au lieu de chercher à
éradiquer l’esclavage, semble le promouvoir. Ainsi la disposition de
l’article 6 fait planer le doute quant à la volonté réelle d’en finir avec
ces pratiques. Cet article dispose que « toute personne qui prive un enfant
prétendu esclave de l’accès à l’éducation l’enlève aux fins
d’exploitation…. ».
Cette disposition sous-entend qu’un enfant dont les parents étaient
esclaves naîtrait esclave en d’autres termes qu’un Homme ne naîtrait pas
Homme. Alors au lieu de chercher à en finir avec l’esclavage, le projet de
loi semble promouvoir sa perpétuité. Avec une telle approche on est encore
loin de la réalisation des objectifs. Pour la plupart des participants cela
ressemble plutôt à une farce et non un engagement sur la voie d’éradication
de l’esclavage. Ce problème national devait être discuté sereinement, les
pouvoirs publics se devaient de prendre toutes les mesures nécessaires pour
atteindre ce but.
Alors selon Boubacar Ould Messaoud, il ne faut pas que ce
problème soit pris à la légère. Leur principale lutte est de mettre fin à
toutes formes de pratiques esclavagistes, donc l’Etat doit les accompagner
dans ce combat qui demande de gros efforts et une réelle volonté politique.
Malgré les dispositions prises jusque là, les pratiques esclavagistes
persistent toujours dans notre pays et les moyens mis en œuvre sont loin
d’être satisfaisants.
Les textes antérieurs n’avaient pas prévu de qualification explicite du
phénomène ni son incrimination et le présent texte ne donne pas une
définition permettant de cerner l’ampleur du phénomène. Ce texte dont le
contenu est loin de répondre aux attentes ne doit pas servir de base pour
la lutte contre les pratiques esclavagistes. Pour mettre en œuvre un texte
d’une telle importance, il faudrait que les organismes connus pour leur
engagement en ce sens soient associés car l’esclavage est plus un problème
social qu’un problème juridique.
Il est alors nécessaire d’associer les acteurs concernés et ouvrir un large
débat sur la question. Il incombe aux autorités mauritaniennes de prendre
le mal à la racine car pour lutter contre ce phénomène, il faudrait se
débarrasser de toutes les considérations de quelques ordres qu’elles
soient. La lutte réelle contre l’esclavage, passe par le changement des
mentalités de tout un chacun.
Eveil-Hebdo
Note: Info source : Eveil-Hebdo (Mauritanie)
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