Près
de trois millions de Noirs ont traversé l’Atlantique entre 1700 et le début
du XIXe siècle dans des bateaux de l’Empire britannique, le plus impliqué
dans le commerce des esclaves, devant la France et les Pays-Bas. La traite
des Noirs a été interdite dans l’Empire britannique par une loi promulguée le
25 mars 1807, imposant une amende de 100 livres d’alors pour chaque esclave
trouvé à bord d’un navire britannique. Il a toutefois fallu attendre 1833
pour que l’esclavage (le statut d’esclaves dans les colonies) soit
complètement aboli
L’archevêque
de Canterbury Rowan Williams a mené samedi 24 mars un cortège coloré de plus
d’un millier de personnes à Londres pour "une marche de
témoignage", un acte de repentance et de souvenir de l’Eglise anglicane
à la veille du bicentenaire de l’abolition de la traite des esclaves.
Des prélats anglicans vêtus de robes roses foncées, des marcheurs parés
d’habits africains traditionnels et des participants de tous âges, portant un
ruban violet au bras, se sont réunis vers 12H00 GMT à Whitehall place, siège
du gouvernement britannique, pour descendre vers le sud de la capitale.
Sur fond de percussions africaines ou d’hymnes religieux, Rowan Williams, et
John Sentamu, l’archevêque de York, originaire d’Ouganda et numéro deux de
l’Eglise anglicane, ont mené la procession, précédés d’une bannière portant
l’inscription: "Marche de témoignage, souvenir, repentance,
réhabilitation".
Un homme brandissant une croix en bois, ainsi que des représentants de
plusieurs pays autrefois colonies britanniques, Ghana, Gambie, Tanzanie,
étaient à leurs côtés.
Le cortège est passé devant le parlement de Westminster, où a été promulguée
la loi abolissant le commerce des esclaves, le 25 mars 1807.
L’Eglise anglicane avait en 2006 fait acte de repentance pour son rôle dans
le commerce des esclaves.
"Nous n’avons pas du tout appris cela à l’école, l’implication de la
Grande-Bretagne dans le commerce des esclaves a été assez cachée sous le
tapis", observe Wendy Fry, la cinquantaine, venue du Surrey avec son
mari.
"C’est important de se rappeler de ce moment pas très beau de notre
histoire, de le reconnaître et d’essayer de combattre les maux
d’aujourd’hui", relève son époux, Paul.
Je suis venue parce que je suis une descendante d’esclave (...) et en étant
ici je peux ressentir l’émotion de tous ces gens", explique une
Guadeloupéenne qui refuse de donner son nom.
Au niveau du pont de Lambeth, une gerbe avec l’inscription "2704",
le nombre des navires britanniques partis des docks de Londres pour
transporter des esclaves à travers l’Atlantique, a été placée dans un bateau
sur la Tamise pour effectuer un voyage symbolique vers les docks.
La gerbe sera ensuite portée à l’abbaye de Westminster où aura lieu un
service mardi pour marquer le bicentenaire de l’abolition.
Rowan Williams a prié, recommandant à Dieu "tous ceux qui sont morts à
cause du commerce d’esclaves, dans des raids, des convois de captifs, dans
les prisons ou les bateaux d’esclaves, au travail et dans la solitude".
Le cortège a alors entonné "Amazing grace", un hymne protestant
dont les paroles ont été écrites au 18ème siècle par John Newton, un marchand
d’esclave repenti devenu abolitionniste.
Cette marche devait se conclure à Kennington Park (sud de Londres) par des
lectures et des prières.
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L’esclavage sera un crime en Mauritanie
Les
deux candidats qui s’affrontent le 25 mars, au second tour de
l’élection présidentielle en Mauritanie, ont promis que le vainqueur
ferait de la pratique de l’esclavage, un crime. Sidi Mohamed Ould
Cheikh Abdallahi et Ahmed Ould Daddah se sont tous deux engagés dimanche
dernier sur la radio et la télévision d’Etat à durcir la législation
contre l’esclavage, en principe aboli légalement en Mauritanie en
1981. L’esclavage perdure en réalité sous de multiples facettes malgré
la législation adoptée en 1981. Certains mauritaniens possèdent toujours
des esclaves, pour la plupart noirs, qui s’occupent des troupeaux ou des
tâches domestiques notamment dans les zones désertiques du Nord et de
l’Est. Les associations qui militent contre cette pratique
estiment que l’abolition légale de l’esclavage n’a pas été suivie
d’effets et elles évaluent à plusieurs milliers le nombre d’esclaves
officieux en Mauritanie bien qu’il n’existe aucun chiffre
officiel. Le fait que les candidats à la présidentielle
s’expriment publiquement sur un sujet longtemps tabou dans la
société mauritanienne témoigne de l’ouverture démocratique que
connaît la Mauritanie où le CMJD a promis de restituer
le pouvoir aux civils au lendemain du second tour.
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